(...)
Anton Makarenko est convaincu que l’Union Soviétique
est le pays qui, par la révolution sociale qu’il vient d’accomplir
permettra l’avènement d’un homme nouveau. Il ne sera pas un homme
différent (rien n’est plus éloigné de la pensée de Anton Makarenko que
l’idée d’une transformation « psychologique » de l’homme) mais un homme
qui, évoluant dans une collectivité organisée et juste, pourra alors
contribuer à la réalisation du progrès et du développement et, ce
faisant, se réaliser lui-même. Car, écrit Anton Makarenko, « je ne crois
pas qu’il existe de gens moralement déficients. Il suffit de les placer
dans des conditions de vie normales, de leur imposer des exigences
définies, en leur donnant la possibilité de les remplir et ces gens
deviennent des gens comme les autres, des hommes en tous points normaux. »
L’éducation, la rééducation des délinquants, mais au-delà l’éducation
tout entière doit concourir à créer les conditions de cet avènement.
Pour ce qui concerne les délinquants, il ne s’agit pas de les amender
mais de les mettre en condition de devenir des hommes, de créer avec eux
une collectivité « d’un charme éblouissant, d’une véritable opulence
laborieuse, d’une haute culture socialiste, et ne laissant presque rien
subsister de ce dérisoire problème : amender l’homme ».
Cette espérance chez Anton Makarenko n’a rien d’une utopie, n’est pas
une illusion lointaine, c’est un but à atteindre, dont il rappelle
constamment les difficultés, mais dont il est convaincu que la
réalisation est en marche.
5
Cette espérance, cette conviction conduisent Anton
Makarenko sur le chemin d’une éthique du courage et de la volonté. La
transformation du monde est à portée de main, le courage et la volonté
des hommes sont les conditions de cette transformation et ce, quels que
soient les écueils et les revers. Anton Makarenko l’énonce en termes
tout à fait clairs : « De chacun de nos pas on pouvait dire tout ce que
l’on voulait, tant nous marchions au hasard. Il n’y avait rien que de
contestable dans notre travail. […] Il n’y avait que deux points qui ne
soulevaient aucun doute : notre ferme volonté de ne pas abandonner notre
tâche, de la mener à sa fin, dût-elle être lamentable. Et il y avait
encore la vie elle-même, la nôtre à la colonie et celle qui nous
environnait. »
Ne jamais renoncer, porté par la conviction que l’action est du côté de
l’évolution, de la vie. Ainsi, l’éthique de Anton Makarenko est-elle
articulée au fondement même de son espérance et de sa conviction.
Construire ce monde nouveau est œuvre de courage, de détermination. Il
ne travaille pas seulement à la réalisation de l’individu mais à la
reconstruction du monde.
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source: http://www.cairn.info/revue-reliance-2005-3-page-144.htm
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