mercredi 12 février 2014

Anton Makarenko : un art de savoir s’y prendre

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Anton Makarenko est convaincu que l’Union Soviétique est le pays qui, par la révolution sociale qu’il vient d’accomplir permettra l’avènement d’un homme nouveau. Il ne sera pas un homme différent (rien n’est plus éloigné de la pensée de Anton Makarenko que l’idée d’une transformation « psychologique » de l’homme) mais un homme qui, évoluant dans une collectivité organisée et juste, pourra alors contribuer à la réalisation du progrès et du développement et, ce faisant, se réaliser lui-même. Car, écrit Anton Makarenko, « je ne crois pas qu’il existe de gens moralement déficients. Il suffit de les placer dans des conditions de vie normales, de leur imposer des exigences définies, en leur donnant la possibilité de les remplir et ces gens deviennent des gens comme les autres, des hommes en tous points normaux. » L’éducation, la rééducation des délinquants, mais au-delà l’éducation tout entière doit concourir à créer les conditions de cet avènement. Pour ce qui concerne les délinquants, il ne s’agit pas de les amender mais de les mettre en condition de devenir des hommes, de créer avec eux une collectivité « d’un charme éblouissant, d’une véritable opulence laborieuse, d’une haute culture socialiste, et ne laissant presque rien subsister de ce dérisoire problème : amender l’homme ». Cette espérance chez Anton Makarenko n’a rien d’une utopie, n’est pas une illusion lointaine, c’est un but à atteindre, dont il rappelle constamment les difficultés, mais dont il est convaincu que la réalisation est en marche. 5
Cette espérance, cette conviction conduisent Anton Makarenko sur le chemin d’une éthique du courage et de la volonté. La transformation du monde est à portée de main, le courage et la volonté des hommes sont les conditions de cette transformation et ce, quels que soient les écueils et les revers. Anton Makarenko l’énonce en termes tout à fait clairs : « De chacun de nos pas on pouvait dire tout ce que l’on voulait, tant nous marchions au hasard. Il n’y avait rien que de contestable dans notre travail. […] Il n’y avait que deux points qui ne soulevaient aucun doute : notre ferme volonté de ne pas abandonner notre tâche, de la mener à sa fin, dût-elle être lamentable. Et il y avait encore la vie elle-même, la nôtre à la colonie et celle qui nous environnait. » Ne jamais renoncer, porté par la conviction que l’action est du côté de l’évolution, de la vie. Ainsi, l’éthique de Anton Makarenko est-elle articulée au fondement même de son espérance et de sa conviction. Construire ce monde nouveau est œuvre de courage, de détermination. Il ne travaille pas seulement à la réalisation de l’individu mais à la reconstruction du monde.
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source: http://www.cairn.info/revue-reliance-2005-3-page-144.htm

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